Résumé Quelle est la valeur analytique du lawfare ? Peut-il fournir un cadre scientifique pour analyser un conflit ? Sa politisation croissante laisse suspicieux sur sa capacité à remplir une telle ambition. Entendu normativement comme l'utilisation illégitime du droit, le lawfare fait face à trois faiblesses analytiques, pointant sa non-spécificité, sa partialité, et la fragilité de l'évaluation de l'intention. (I) Entendu de manière descriptive comme l'utilisation stratégique du droit, le lawfare a une valeur heuristique en ce qu'il permet de mettre en lumière des aménagements institutionnels visant à la pérennisation ou à la contestation d'un rapport de force. Son application au conflit israélo-palestinien fournit un cadre d'analyse sur les stratégies juridiques en présence. Alors que les dirigeants israéliens ont exclusivement utilisé le terme de manière péjorative pour délégitimer les stratégies palestiniennes une définition neutre du lawfare révèle la présence d'une stratégie juridique israélienne efficace. (II) Nous concluons en montrant qu'en dépit des faiblesses épistémologiques du concept, le lawfare met l'accent sur la diversité des manières dont le droit peut être utilisé dans des conflits armés.
Les organisations non gouvernementales (ONG) peuvent être instrumentalisées par des États ou des lobbys à des fins partisanes. Elles peuvent même être utilisées pour déstabiliser, et s'inscrivent alors dans un processus politique. D'où un besoin de vigilance, mais aussi de transparence accrue.
L'utilisation de drones armés par les États-Unis a fait l'objet de critiques nourries. Tandis que certaines mettent en doute la légalité des frappes, d'autres dénoncent la « déshumanisation » d'une guerre à distance. En particulier, la controverse s'articule autour de l'hypothèse dite du tampon moral selon laquelle la grande distance à laquelle est placé l'opérateur de la personne ciblée facilite le passage à la violence. Si l'on suit cette logique, la possibilité offerte par les drones de projeter sa force à des milliers de kilomètres sans mettre sa vie en danger fait courir le risque d'une « virtualisation de la conscience de l'homicide » (Chamayou 2013 : 153). Dans cette perspective, cet article s'intéresse aux cas d'états de stress post-traumatique (ESPT) dont souffrent les pilotes de drones américains. Ces pathologies ont été mobilisées au plan rhétorique par les partisans de ce type d'armement afin de contrer l'association faite entre drones armés et « mentalité de jeu vidéo ». Or la présence d'ESPT n'indique pas simplement une prise de conscience de l'acte de donner la mort. Elle est aussi liée à des facteurs conjoncturels tels que les conditions de travail des pilotes. En particulier, la cohabitation entre l'espace domestique et l'espace de guerre complique la prise en charge morale de la violence. Ainsi, l'hypothèse du tampon moral reste entière et n'est pas invalidée par les états de stress post-traumatiques ressentis par le personnel navigant américain. Après avoir brièvement distingué les critiques légales-contextuelles des critiques technologiques-principielles du drone armé (I), nous analysons la théorie dite du tampon moral selon laquelle la distance désinhibe l'acte de tuer (II). La présence d'états de stress post-traumatique parmi ses pilotes de drones ne permet pas d'invalider le rôle joué par la distance dans la désinhibition de la violence, laissant entières les interrogations sur les conséquences morales de la technologie du drone armé (III).
International audience ; Pour la troisième fois en moins d'un an, les Israéliens se sont rendus aux urnes lundi 2 mars afin de dégager une majorité capable de construire une coalition gouvernementale. Au-delà d'une campagne plombée par le sentiment qu'une quatrième élection sera nécessaire pour départager Benny Gantz et Benyamin Nétanyahou, le rôle des Arabes israéliens ou des Palestiniens d'Israël – ces descendants de familles palestiniennes passées sous le contrôle israélien lors de la création de l'État en 1948 – a été décisif. [premier paragraphe]
International audience ; Pour la troisième fois en moins d'un an, les Israéliens se sont rendus aux urnes lundi 2 mars afin de dégager une majorité capable de construire une coalition gouvernementale. Au-delà d'une campagne plombée par le sentiment qu'une quatrième élection sera nécessaire pour départager Benny Gantz et Benyamin Nétanyahou, le rôle des Arabes israéliens ou des Palestiniens d'Israël – ces descendants de familles palestiniennes passées sous le contrôle israélien lors de la création de l'État en 1948 – a été décisif. [premier paragraphe]
International audience ; Pour la troisième fois en moins d'un an, les Israéliens se sont rendus aux urnes lundi 2 mars afin de dégager une majorité capable de construire une coalition gouvernementale. Au-delà d'une campagne plombée par le sentiment qu'une quatrième élection sera nécessaire pour départager Benny Gantz et Benyamin Nétanyahou, le rôle des Arabes israéliens ou des Palestiniens d'Israël – ces descendants de familles palestiniennes passées sous le contrôle israélien lors de la création de l'État en 1948 – a été décisif. [premier paragraphe]
Résumé Les assassinats ciblés désignent l'utilisation de la force létale par un sujet de droit international avec l'intention préméditée et délibérée de tuer individuellement les personnes sélectionnées qui ne se trouvent pas sous la garde des États concernés. L'objet de cet article est l'analyse de cette critique dite « conséquentialiste » des assassinats ciblés qui examine leurs résultats. Ces opérations sont-elles contre-productives ? Incarnent-elles une utilisation inconséquente de la force ? Je distingue trois ordres de conséquences : stratégiques produisent-elles des résultats efficaces ? ; internationales quelles sont leurs conséquences pour le principe de souveraineté ? ; et politiques quel est leur impact sur le caractère démocratique des États qui les emploient ? Fragilisent-elles l'État de droit ? Je conclus mon étude par un examen de la situation française qui fait figure d'exception parmi les pays cités. Il existe une incertitude de l'État français sur la position à adopter vis-à-vis de cet emploi de la force, qui complique la délibération collective sur sa légitimité.
Le Droit et la guerre sont désormais étroitement mêlés. La judiciarisation croissante des engagements militaires des démocraties occidentales oblige à une réflexion approfondie sur le lawfare et de son implication sur la conduite des opérations. Ce champ d'études nécessite un débat tant juridique que politique.
La signature, le 23 octobre 2020, d'une déclaration conjointe entre les États-Unis, le Soudan et Israël semble inaugurer une nouvelle ère dans les relations israélo-soudanaises : celle de la normalisation. Les politiques et évolutions concrètes auxquelles renvoie ce terme restent toutefois floues, notamment du fait de l'incertitude de la situation politique soudanaise, le pays ayant entamé une transition démocratique en 2019. Quelles sont les conséquences et la pérennité de cette nouvelle itération de la diplomatie du deal promue par Donald Trump ? Cet accord a été rendu possible par le tandem Trump / Netanyahou qui a su capitaliser sur des conditions structurelles permettant un rapprochement entre les trois États. Sa publicité constitue une rupture avec la diplomatie clandestine menée par Israël dans la région, et affecte différemment les acteurs en présence. Si cette diplomatie d'annonce est recherchée par Donald Trump et Benjamin Netanyahou, qui tentent de traduire ces succès diplomatiques en gains de politique intérieure, elle met en lumière les dissensions au sein de la classe politique soudanaise, dont une partie perçoit le deal comme un « chantage » effectué par les États-Unis en échange du retrait du pays de la liste des États sponsors du terrorisme.
La signature, le 23 octobre 2020, d'une déclaration conjointe entre les États-Unis, le Soudan et Israël semble inaugurer une nouvelle ère dans les relations israélo-soudanaises : celle de la normalisation. Les politiques et évolutions concrètes auxquelles renvoie ce terme restent toutefois floues, notamment du fait de l'incertitude de la situation politique soudanaise, le pays ayant entamé une transition démocratique en 2019. Quelles sont les conséquences et la pérennité de cette nouvelle itération de la diplomatie du deal promue par Donald Trump ? Cet accord a été rendu possible par le tandem Trump / Netanyahou qui a su capitaliser sur des conditions structurelles permettant un rapprochement entre les trois États. Sa publicité constitue une rupture avec la diplomatie clandestine menée par Israël dans la région, et affecte différemment les acteurs en présence. Si cette diplomatie d'annonce est recherchée par Donald Trump et Benjamin Netanyahou, qui tentent de traduire ces succès diplomatiques en gains de politique intérieure, elle met en lumière les dissensions au sein de la classe politique soudanaise, dont une partie perçoit le deal comme un « chantage » effectué par les États-Unis en échange du retrait du pays de la liste des États sponsors du terrorisme.